À toute vapeur
Arthur Laborde dirige les Thermes de Saubusse et préside l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie des Landes. Une ascension plein gaz pour ce jeune trentenaire qui fourmille d’idées.


Le thermalisme, il y baigne depuis tout petit. Le gamin a grandi mais sa croissance n’est pas finie, en témoignent ses nouvelles fonctions à la présidence de l’UMIH 40, à tout juste 31 ans.
Il est comme ça, Arthur Laborde. Cool et pressé. La bonne distance, quand on est la 4e génération d’un établissement thermal bâti par l’arrière-arrière grand-père. 102 ans d’existence, ça ne vous rajeunit pas. Enfin, pas sûr. Arthur Laborde, lui, rajeunit tout sur son passage. En ce moment, ce sont les façades des bâtiments qu’il repeint, profitant de la pause hivernale.
Ripoliner, ça lui connaît. Pas qu’il veuille tirer un trait sur le travail des anciens, il est trop respectueux de l’institution. Non, son truc à lui, c’est de plonger les thermes dans son siècle.
Pour ça, il a bossé les bases à Saubusse, petit village à quelques encablures de la côte landaise. Des études de management, mais surtout un passage à toutes les fonctions de l’établissement, dont un an à s’occuper des baignoires. Pour plonger dans le bain familial, y a pas mieux. D’autant que le père a balisé la voie en affrontant avec ténacité les tempêtes. L’une d’elles est peu commune : de longue date, 130 militaires des quatre coins de France débarquaient toutes les 3 semaines à Saubusse pour se refaire une santé, au retour de missions à l’étranger. Un jour de 1995, rideau ! Plus d’eau pour les Rambos. Un vrai coup dur, et l’obligation de partir en quête de nouvelles clientèles. Mais perdre une bataille, ça forge le caractère et les Laborde n’en manquent pas.
La recette pour que ça marche ? Petit mais costaud ! Saubusse, ce sont des thermes à taille humaine, où connaître sur le bout des doigts les attentes des curistes n’est pas une option. « Du thermalisme dans sa version ultra-personnalisée. On amène du soin, mais un peu plus que ça », confie Arthur Laborde. Une foule de petites attentions au quotidien, prodiguées par l’équipe en place. Soixante collaborateurs triés sur le volet et une attention portée sur l’équilibre vie professionnelle-
vie privée, avec la semaine de 4 jours. Rarissime, pour ce type d’établissements. « Seul, je n’y arriverais pas. Tout ce que j’entreprends est rendu possible parce que je suis entouré d’experts et de collaborateurs investis. » Médecins, kinésithérapeutes, administratifs, agents d’accueil : tout le monde est impliqué dans le projet à 10 ans d’Arthur Laborde, qui délègue en confiance.
De Saubusse à Bercy
Côté curistes, c’est rhumatologie et phlébologie, mais pas que : on soigne aussi l’estomac, avec un restaurant qui dépoussière l’image d’Epinal. « La famille Cousseau et ses cinquante collaborateurs du Relais de la Poste nous ont fait l’honneur de nous choisir pour leur repas de fin d’année 2023. C’était une grande fierté de recevoir de tels convives ! » Fierté justifiée : le Relais de la Poste, à Magescq, arbore 2 étoiles au Michelin…
Lou Toupïng n’est pas un restaurant de thermes, c’est un restaurant de Saubusse. Idem pour l’hôtel, accessible à tout dormeur, quelle que soit son origine. Un qui dort peu, c’est Arthur Laborde. À quand, les prochaines vacances ? « Heuuu… » Question idiote ? « Non, mais… » Non, mais le jeune a du boulot, voyez-vous. Il faut s’assurer que tout est opérationnel pour accueillir 2 600 curistes en 2024 (1 100 il y a 10 ans), retaper à neuf 180 m² dédiés au thermoludisme (10 % du chiffres d’affaires), personnaliser toujours plus les soins et bichonner son Précieux : une source captée à 130 mètres qui sort à 38 degrés, directement dans les baignoires.
Et puis comprendre son époque, pour s’adapter à la demande : « Aujourd’hui, le thermalisme de prévention a pris le pas sur le curatif. Bon nombre de jeunes seniors, une fois à la retraite, viennent à Saubusse prendre soin de leur santé, pour vivre encore longtemps en pleine forme. ». Un coût pour la Sécu, non ? « Le thermalisme, c’est 0,14 % des frais de l’Assurance Maladie et l’efficacité avérée permet de réduire la prescription - donc le remboursement - de médicaments. » CQFD.
Récemment, Arthur Laborde a plongé dans le grand bain. Elu président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie des Landes en 2023, le jeune homme débarque avec sa cure de Jouvence en bandoulière. Trois grands enjeux sont identifiés : « La formation, le recrutement et l’hébergement. J’ai amené avec moi de jeunes entrepreneurs qui ont une vision moderne de nos métiers, très complémentaire des adhérents déjà confirmés. La jeunesse et l’expérience, je crois qu’on forme une belle équipe… »
Protocole oblige, il troque parfois le jeans pour le costard et s’en va porter la bonne parole jusqu’au ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Puis il s’en revient aux thermes et va vérifier sa source d’eau chaude. Il en sourit. « Oui, ça ressemble à de la passion… »